A l'âge de six ans, j'étais assis au milieu de ma classe de première primaire comme à mon habitude et le professeur expliquait sa leçon de grammaire en montrant des phrases au tableau. Je ne me souviens pas de grand chose si ce n'est que d'un mouvement de tête, ma tête qui regarde mon cahier et qui se relève afin de lire le reste d'une phrase et ensuite le choc...
- "Monsieur, je n'arrive plus à lire ce qu'il y a au tableau"
Appel de la directrice, puis de ma mère et s'en est suivi une visite chez l'ophtalmologue. C'est à l'âge de 6 ans que tout naturellement, en un instant, j'ai perdu une bonne partie de ma vue d'un seul coup. Pourquoi et comment, jamais je ne me l'expliquerai.
A l'aube de mes 30 ans j'ai les moyens et le courage d'y remédier, je retourne chez l'ophtalmologue qui m'annonce que ma cornée est trop fine pour l'opération habituelle au laser. D'autres solutions existent mais je ne peux l'envisager maintenant. Peut-être dans quelques années... Très certainement dans quelques années.
Pourquoi je vous parle de ceci? Eh bien cet évènement a radicalement changé la relation que j'avais avec l'image. Une envie continue de voir mieux, plus loin, peu importe les artifices utilisés. Le grand spectacle, l'explosion des couleurs et le point de vue décalé font partie des choses que j'apprécie. Je désire aller au delà de cette image normale accessible à tous (ou presque...) pour que mon handicap devienne finalement un avantage par rapport à une personne normalement constituée.
Et c'est pourquoi aujourd'hui, j'ai décidé de ne plus me contenter d'être spectateur mais d'également vous montrer le monde à travers mes yeux.
Corriger ma vision du monde, c'était bien pour ça que je m'étais donné les moyens, quel est le meilleur moyen de "voir" si ce n'est au travers d'une photographie...
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